Contrairement à la croyance générale, la prostitution n’est pas le crime le plus commun des femmes de cette époque à Sherbrooke. En effet, celui-ci est inclus dans la catégorie des crimes moraux qui est beaucoup plus large[1]. Les femmes étaient arrêtées lorsqu’elles dérogeaient aux normes sociales, comme le fait de n’avoir des relations sexuelles que dans un mariage pour procréer[2]. Parmi ces femmes se retrouvent des personnes prostituées qui étaient dépeintes dans les journaux comme des femmes n’ayant aucune estime d’elles-mêmes et dont la vie était d’une « frivolité incessante »[3].
Dans les années 1980, le gardien de prison affirme qu’il n’a été en contact qu’une fois avec des prostituées dans l’établissement carcéral, quoique ce fut une rafle qui a rempli un autobus complet. Ainsi, ce fut un événement exceptionnel. Par les mots choisis, cet homme démontre qu’il les a considérées comme des criminelles et non pas comme des femmes amorales.
En conclusion, la façon dont les personnes prostituées sont traitées évolue pendant le XXe siècle. Au début du siècle, elles sont accueillies avec mépris, car elles dérogent aux normes sociales. Dans les années 1980, elles sont reçues par le gardien de prison comme de simples criminelles qui enfreignent la loi et non pas comme des femmes honteuses. Il serait intéressant d’observer si les asiles sont également un outil de régulation sociale à l’encontre des femmes.
« un p’tit travail en sideline » - Guy Thibodeau
[2] Isabelle Perreault, « Morale catholique et genre féminin : la sexualité dissertée dans les manuels de sexualité maritale au Québec, 1930-1960 », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 57, n° 4, 2004, p. 573.
[3] « De l’Amitié », La Tribune, 22 octobre 1910, consulté le 13 août 2020, Lien
« Second raid was made on local resort », Sherbrooke Daily Record, 6 septembre 1920, consulté le 13 août 2020, Lien
« Police cleaning our undersirable resorts », Sherbrooke Daily Record, 24 janvier 1923, consulté le 13 août 2020, Lien