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Crimes contre les enfants à la prison Winter

Lors de la cueillette de données, il a été évident de remarquer dans le registre d’écrou que certes, des crimes étaient commis par des enfants, mais certains étaient perpétrés contre eux. Cette vignette présente certaines tendances préliminaires d’une recherche sur les crimes contre les enfants incarcérés à la prison Winter entre 1882 et 1915.

Les 25 données recueillies offrent des résultats pour lesquels il serait pertinent d’approfondir dans des recherches futures. Tout d’abord, la comparaison entre les crimes commis contre des enfants permet de comprendre que le nombre de cas en milieu urbain est similaire à celui en milieu rural. Parmi ces cas, selon le dépouillement du registre d’écrou, trois des quatre crimes à caractère sexuel ont été commis dans des milieux ruraux. Ce résultat pourrait peut-être s’expliquer par la complexité du système policier de l’époque et la nature communautaire des milieux ruraux qui facilite la découverte de tels crimes par rapport au centre urbain qui tend plus vers l’individualisme, mais une recherche serait de mise.

Pour ce qui est de la durée de la sentence, les crimes contre la personne et à caractère sexuel sont les plus lourdement punis, avec des sentences plus longues que des cas de négligence familiale. Dans la société religieuse de l’époque, les jeunes filles représentent la pureté, leur violation constitue donc un affront moral de haute importance. Lors du dépouillement du registre d’écrou, nous avons répertorié tous les crimes qui semblaient être contre des enfants. Cependant, de plus amples recherches sont nécessaires. La sélection des cas s’est faite selon les crimes ciblant explicitement un enfant. Plusieurs manquaient de détails afin de comprendre qui était la victime du crime commis, comme nous l’avons vu plusieurs fois avec le mot « assault ». De plus, la catégorie « neglect to provide » ne permet pas d’être certain si c’est envers l’épouse, envers l’enfant ou les deux.

La prédominance des criminels masculins dans la recherche pourrait illustrer la domination sexuelle des hommes sur les femmes et les jeunes filles à l’époque. Cette situation reflète le cadre moral, notamment imposé par l’Église, qui pousse les femmes à être réservées et dociles, un paradigme affectant encore les femmes aujourd’hui[1].

Texte réalisé par: Émile Langevin et Koralie Plante

Médiagraphie

Références

[1] Marie-Pier Robitaille, « Portrait de la criminalité des femmes : comprendre une réalité immuable », 2017, Lien.

Photos

[En-tête] Koralie Plante, 2022.

Pour aller plus loin

Provost, Mario, «Le mauvais traitement de l’enfant : perspectives historiques et comparatives de la législation sur la protection de la jeunesse», Revue de Droit de l’Université de Sherbrooke 1, vol. 1, no 22 (1991), p. 1-62.

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