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L'activité de la police de Sherbrooke

En analysant les registres de la police de Sherbrooke, de leur nom officiel, les Day Books, plusieurs informations nous indiquent pourquoi la police intervient en ville. Ainsi, il est question de savoir pour quelles situations la police est majoritairement interpellée dans Sherbrooke dans les années 1895 et 1920.

Le constable Percy Donahue qui se prépare à effectuer une patrouille à cheval, en 1915.

Le document sur lequel nous avons travaillé est appelé le Day Book et est écrit par le service de police de Sherbrooke. Il s’agit des registres de la police de Sherbrooke et il fait état des interventions policières en ville de 1885 à 1920. Pour le travail, nous n’avons utilisé que les données des années 1895 et 1920. Nous avons, pour nos deux années, trois livres de rapports policiers contenant plusieurs petites entrées d’au plus une dizaine de lignes. Notre stratégie de recherche a été de relever tous les types d’interventions commises par la police, que nous avons regroupés en quatre grandes catégories basées sur la nature de la situation rapportée. Nous avons donc regroupé les 184 données de 1895 et les 295 données de 1920 sous les bannières criminelle, civile, de gestion urbaine ainsi que des incendies. Pour permettre une bonne représentation de nos données, et à des fins comparatives, nous avons choisi d’analyser les mois de janvier, juin et octobre pour les années 1895 et 1920 et nous avons, par la suite, classé les types d’interventions présentes dans le rapport dans des catégories plus larges. Cependant, la source elle-même a posé certaines limites importantes à notre analyse: certaines données étant illisibles, nous avons dû étudier des données différentes de celles prévues initialement.

Caserne de pompiers, en 1877, qui servira aussi de service de police lors de la fusion des deux domaines en 1882.

Le lieutenant James Scholes, le chef de la police Alfred-Zéphirin Couture et les constables Percy Donahue, Armand Gosselin et James Scholes Jr., le fils du lieutenant, au poste No 2 de la rue London, en 1916.

Dans la section des infractions criminelles, nous avons les arrestations, les appels à la police avec arrestation et les appels à la police sans arrestation. Dans les infractions de nature civile, nous retrouvons les demandes de protection, les enfants perdus, les cas de portes laissées ouvertes ou débarrées, les objets trouvés, les cas relatifs aux chevaux, les situations de dérangement public, ainsi que les appels requérant une ambulance. Finalement, dans la catégorie de la gestion urbaine, nous retrouvons les bris urbains, les cas d’obstruction des voies publiques, ainsi que les situations concernant les lumières dans les rues.

Nos résultats démontrent que le policier est un agent de la ville à tâches multiples et que ses interventions, au niveau criminel, ne sont pas majoritaires dans l’ensemble des ces tâches et ce, pour les deux années étudiées. En 1895, la gestion urbaine représente 50% des rapports policiers alors que les interventions liées au domaine criminel ne correspondent qu’à 23% de la tâche policière. Les interventions civiles des policiers, elles, représentent 18% de leur activité et les interventions liées aux incendies, 8%. Il est logique qu’une telle disposition des tâches soit observable car, en 1882, les services de police et de pompier fusionnent, ne devenant qu’une seule institution. D’ailleurs, lors de leurs patrouilles, les policiers ont la responsabilité d’allumer et d’éteindre les fanaux à l’huile dans les rues qui commencent à s’éclairer[1].

En 1920, ce sont les interventions civiles qui prennent le dessus, même si la répartition est plus égale entre les deux domaines prépondérants - criminel et civil - et les deux autres, qui demeurent minoritaires. Ainsi, dans 39% des cas, les interventions de la police sont liées au domaine civil, alors que 35 % de celles-ci concernent le domaine criminel. Finalement, 13 % des cas sont liés au service des incendies et seulement 12% d’entre eux relèvent de la gestion urbaine. Ce changement s’explique probablement par une transformation de la nature des crimes commis, notamment avec la commercialisation de l’automobile, qui contribue à l’augmentation du nombre d’infractions criminelles [2].

Médiagraphie

Images

Toutes les images contenues sur la vignette policière proviennent du livre :

McAuley, Gordon et Laurent Blais, La police de Sherbrooke: 125 ans d’histoire, Sherbrooke, éditions G.G.C., 1998, p. 22, 29, 42 et 43.

Références

[1] McAuley, Gordon et Laurent Blais, La police de Sherbrooke : 125 ans d’histoire, Sherbrooke, éditions G.G.C., 1998, 263 p.

[2] Fyson, Donald, “The Judicial Prosecution of Crime in the Longue Durée. Quebec, 1712-1965”, dans Jean-Marie Fecteau et Janice Harvey, dir., La régulation sociale entre l’acteur et l’institution. Pour une problématique historique de l’interaction, Québec, Presses de l’Université du Québec, 2005, p. 85 -119.

Pour aller plus loin

McAuley, Gordon et Laurent Blais, La police de Sherbrooke: 125 ans d’histoire, Sherbrooke, éditions G.G.C., 1999, 263 p.

Par ici l’info, « Évolution du métier de policier au fil du temps à Sherbrooke », Radio-Canada, 11 juillet 2018, https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/Par-ici-l-info/segments/chronique/79354/service-police-sherbrooke-samuel-ducharme-chronique-histoire.

Ville de Sherbrooke, « L’histoire du Service de police de Sherbrooke », Vimeo, 2016, https://vimeo.com/171096146.

Kesteman, Jean-Pierre, Peter Southam et Diant Saint-Pierre, Histoire des Cantons-de-l’Est, Sainte-Foy, Institut québécois de recherche sur la culture, 1998, 829 p.

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