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Les arrestations policières et les peines de prison

Dans les registres de la police, les Day Books, l’information véhiculée concerne seulement le domaine policier. Ainsi, il nous est impossible de savoir ce qu’il advient des personnes arrêtées. C’est pourquoi il est intéressant de voir est-ce que ce sont toutes les personnes arrêtées qui sont incarcérées et quelles sont les répercussions des différents types d’infractions criminelles ?

Palais de justice de Sherbrooke, érigé en 1904

Vue du marché Landsdown, rues King et Grandes-Fourches, en 1918. À l’extrême droite, on peut voir le poste de police No 3.

Ayant déjà les informations des Day Books collectées par la précédente recherche, l’étape qu’il restait à faire était de lier les dates, les individus et les types de crime avec les données des registres de la prison Winter, pour savoir quels individus étaient incarcérés suite à leur arrestation par la police. L’année 1895 a donc été analysée pour trouver les individus présents dans les documents de la police, au nombre de 47. Sur ceux-ci, 14 personnes ont été retrouvées dans les deux sources démontrant que ces arrestations étaient suivies d’une sentence, due à un procès criminel. Dans une base de données qui collectait les informations judiciaires et personnelles de l’individu, il a ensuite été question de choisir quelles données étaient plus intéressantes dans le cadre de la présente recherche. C’est ainsi que l’on peut retrouver des liens entre les individus arrêtés et incarcérés en fonction de leur crime, mais également le lien entre le crime et les suites de celui-ci (arrestation simple ou avec sentence).

Au vu des recherches effectuées, la police ne semble pas être un agent correctionnel ou punitif. Sur tous les cas d’arrestations étudiés (47 entrées dans le Day Book), seulement 14 personnes se dotent d’un dossier judiciaire dû à un procès criminel et parmi ceux-ci 5 feront l’objet d’une justice rapide et n’auront pas de sentence pénale. Ainsi, seulement 9 personnes arrêtées par la police sont amenées en prison, en janvier, juin et octobre 1895. Les crimes pour lesquels il y a poursuite judiciaire correspondent aux entrées de ce même crime dans les registres de la police. C’est notamment le cas des voleurs, qui, dans les deux cas, se retrouvent devant un juge. La grosse exception est l’ivresse, qui ne comporte généralement pas de conséquences pénales, mais qui contient tout de même 9 cas amenés devant la justice.

Les crimes ont été regroupés selon deux catégories. L’assaut et la vente sans licence ne correspondant à aucune d’entre elles, une section individuelle leur est attribuée. On peut voir que les crimes contre l’ordre public sont en nombre beaucoup plus important par rapport aux autres catégories de crime. C’est notamment dû à la présence de l’ivresse qui contient la plupart des entrées des registres de police (34 sur 47). On peut aussi remarquer que ce ne sont pas tous les types de crime qui mènent à la prison et que, le plus souvent, aucune poursuite judiciaire et, de facto, aucune sentence ne sont appliquées. Ainsi, les crimes qui mènent réellement à un dossier judiciaire sont principalement les crimes contre la propriété (notamment le vol)[1] et les crimes contre l’ordre public (en grosse majorité pour ivresse), même si ces derniers sont également ceux qui détiennent le moins de suites judiciaires par rapport aux arrestations de la police.

[1] La donnée comprise dans la section amende des crimes contre la propriété, tirée de la catégorie des vols est ambigüe et ne peut être mise ni dans la prison, ni dans les amendes, car aucune information n’est indiquée sur la sortie de prison de l’individu. On ne sait donc pas s’il a purgé sa peine ou s’il a payé son amende.

Le texte réalisé par : Laurana Gobeil.

Médiagraphie

Images

Toutes les images ont été prises dans le livre :

McAuley, Gordon et Laurent Blais, La police de Sherbrooke : 125 ans d’histoire, Sherbrooke, éditions G.G.C., 1998, p. 29 et 43.

Pour aller plus loin

Gagnon, François, “La population carcérale de l’établissement de détention de Sherbrooke 1891-1931”, mémoire de maîtrise (histoire), Université de Shebrooke, 2001, 119 p.

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